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L'intention de non intention


Hier, j’ai été saisie par la beauté d’une pâquerette. Cette petite fleur des champs était assez grande et assez seule, pour que je la remarque, alors que je circulais à une vive allure, au sommet d’un pont. Mon regard oblique sur le fleuve brillant, dans le soir doré de l’automne, fut arrêté par cette tige droite, sortie d’un interstice entre le bitume et une bouche d’égout. Sa tête se penchait comme pour admirer les reflets miroitants du soleil. Je suis restée interloquée devant une telle force de vie. Comment pouvait-elle simplement exister, au sommet de cette montagne d’asphalte ? Cette question m’a renvoyée à l’expérience que nous avons tous à vivre : celle d’entrer dans nos profondeurs abyssales et ténébreuses, puis s’éclairer de l’intérieur, suffisamment pour laisser enfin sortir un véritable rayon de lumière à l’extérieur.


Si les mots ou l'idée même de l'état de noirceur peut faire peur, je peux vous assurer qu’il suffit d’une seule - intention - pour bouger définitivement les lignes du cadre dans lequel nous prenons tant soin de nous enfermer. Les actes suivront d'eux même.


Prenons mon exemple pour illustration : je suis quelqu’un de très challengeuse qui s’oriente vers des objectifs précis. Dans mon cheminement pour m'ouvrir à un champ de conscience toujours plus large, je choisi un jour de lâcher toute pensée, toute stratégie vers un but prédéfini, pour tel ou tel projet qui est censé faire avancer ma vie… Je pose juste cette intention : faire confiance en la vie. C’est alors, et alors seulement, que s’efface les premières lignes d’horizon, pfffff… les montagnes s’évaporent, les champs se superposent… je lâche prise vraiment, j’avance les yeux et les bras ouverts vers sur tout ce qui peut advenir, comme une feuille portée par le vent. Ce n’est pas très confortable au départ, car je crois perdre l’équilibre mais je ne perds que l'illusion du doute ; je crois quitter mon libre arbitre, pourtant ce n'est que la fin de l'illusion du contrôle. Telle cette feuille, apparemment fragile, je me suis détachée de l’arbre pour vivre ma propre aventure, vers ma propre nature. De ce voyage, naitra une valse de sentiments déstabilisants, denses, intenses… jusqu’à ce que l’ivresse et l’allégresse se transforment en un bercement : celui de la confiance dans ce vent de la vie qui me porte.


Alors, avec cette nouvelle dose de confiance, me voilà pimpante, prête à voir, ce qui jusque là me faisait peur. J’ai le regard aiguisé du discernement, celui de l’oiseau qui voit dans le noir… je peux entrer à l’intérieur… descendre dans les profondeurs… Ola, mais attention, j’avance à pas feutrés, car je ne sais que trop ce que je vais rencontrer... Oui, comme chacun de nous, j’y ai enfoui l’ombre de moi-même, celle de l’enfant qui tremble de peur, de l’adolescente qui ravale ses larmes de colère, celle de la jeune guerrière tour à tour fuyant tout principe de réalité ou combattante pour diverses formes de survie. Cette ombre avec le temps, s’est épaissie. Alors, je mise sur cette seule - intention de non intention - de m’ouvrir à ce qui est, et d’accepter d’être dans la clarté de cet amalgame d’illusions perdues, de protections décousues, de cicatrices et autres artifices qui défigurent et se refigurent…


Je vais, je vois, je - deviens - car je reviens, avec cette conscience d’être. Je suis et cela suffit. Me voilà légère, libre, vivante, droite, pâquerette au sommet de nulle part, inondée de lumière, créatrice de rêves, alignée sur ma destinée.


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